Dans le règlement interne de plusieurs équipes cyclistes, la désignation d'un site d'entraînement obéit à des critères rarement divulgués, entre secrets de préparation et contraintes logistiques. Le plateau de Beille ne figurait pas, jusqu'à récemment, dans la liste des lieux privilégiés par les sprinteurs du peloton international.
Pourtant, une modification de programme, imposée à la veille d'une échéance décisive, a bouleversé cette routine. Mark Cavendish a choisi ce lieu, à rebours des habitudes de son propre encadrement, et contre les préconisations de certains spécialistes du sprint.
Le plateau de Beille, théâtre de tous les défis cyclistes
Sur les cartes du Tour de France, le plateau de Beille ne fait pas de bruit, mais quiconque s'y frotte comprend vite ce que gravir veut dire. Au cœur des Pyrénées, cette montée de 15,8 kilomètres affiche une pente moyenne de 7,9 %, pour finir à 1780 mètres d'altitude. Les données font déjà froid dans le dos, mais la réalité de la route, sinueuse et impitoyable, laisse une empreinte bien plus marquante.
Des grimpeurs comme Pantani, Armstrong ou Contador ont écrit ici des pages qui traversent les générations. À chaque virage, on retrouve la mémoire d'attaques fulgurantes ou de faiblesses soudaines. Le plateau de Beille, au fil des éditions, s'est imposé comme un repère, un passage que les ambitieux ne peuvent ignorer.
Pour les sprinteurs, ce col n'a jamais été un terrain de jeu naturel. Pourtant, il fascine. Ceux qui osent s'y aventurer troquent la vitesse pure contre la résistance, l'endurance et la gestion de l'effort. Le moindre signe de faiblesse s'étale sous les regards, caméras, public, rivaux. Ici, la montagne n'autorise aucun faux-semblant.
Mais la bataille ne se mène pas qu'en solitaire. Savoir doser son effort, s'accrocher au groupe, lire le rythme de la course, chaque détail compte. Sur ce plateau, la vérité s'impose à tous, peu importe le palmarès ou le tempérament. C'est l'endroit où l'on découvre ce que chaque coureur a vraiment dans les jambes.
Pourquoi la montée de Cavendish en 2024 intrigue autant
Le 14 juillet 2024, le plateau de Beille a été le théâtre d'un événement inattendu : Mark Cavendish, 39 ans, sprinteur de l'équipe Astana-Qazaqstan, a bouclé la montée en 53 minutes et 11 secondes. Sa 69e position, à treize minutes de Tadej Pogacar, n'a rien d'anodin, surtout quand on relève qu'il a devancé des grimpeurs confirmés comme Guillaume Martin ou Ben Healy. Même Biniam Girmay n'a pas réussi à suivre son rythme, terminant cinq minutes derrière lui.
Ce qui frappe, c'est la progression de Cavendish : il grimpe aujourd'hui 25 % plus vite qu'en 2018. Pour un coureur dont la spécialité reste le sprint sur le plat, ce bond de performance interpelle et force le respect. Si l'équipe Astana-Qazaqstan a peaufiné la préparation et calé la stratégie au millimètre, la réussite finale appartient à Cavendish lui-même, à son travail de fond et à une détermination sans faille.
Immédiatement, la performance divise. Les supporters saluent l'exemple d'un champion qui ne renonce jamais. Les observateurs, eux, oscillent entre admiration et incrédulité, tant la frontière entre exploit exceptionnel et anomalie statistique semble mince. Voir un sprinteur dominer les pentes du plateau de Beille ne passe pas inaperçu. L'exploit pose question : Cavendish est-il en train de se muer en grimpeur, ou s'agit-il d'un simple coup d'éclat dans un parcours déjà hors du commun ?
Performance ou polémique : ce que disent les chiffres et le peloton
La prestation de Mark Cavendish sur le plateau de Beille ne cesse d'alimenter les discussions dans le cyclisme moderne. Le chronomètre, intransigeant, affiche 53 minutes et 11 secondes pour une montée de près de seize kilomètres, à une pente qui ne fait aucun cadeau. Pourtant, le débat ne s'arrête pas là. Dans un peloton toujours sur ses gardes, la frontière entre admiration et doute demeure fragile.
Côté réglementaire, les contrôles antidopage ne révèlent rien d'anormal, selon l'UCI. Aucun signalement non plus du côté des autorités. Mais certains directeurs sportifs appellent à une transparence accrue, notamment concernant le dopage technologique. Sur les réseaux sociaux, des soupçons de tractage illicite circulent, sans la moindre preuve solide. Les avis se partagent entre respect pour la performance et interrogation sur ses coulisses.
Concrètement, on observe plusieurs réactions dans le peloton et au-delà :
- Les chiffres témoignent d'une progression inédite : Cavendish grimpe 25 % plus vite qu'en 2018.
- Le peloton s'interroge, analyse, débat avec vigueur.
- Les réseaux sociaux font monter la température, relancent la polémique, mais restent à court de preuves réelles.
La question reste entière : jusqu'où peut-on repousser les limites individuelles dans un sport marqué par l'histoire, alors que chaque performance hors norme provoque admiration ou soupçon ?
Quel héritage pour Cavendish après Beille ?
L'empreinte laissée par Mark Cavendish sur le plateau de Beille dépasse le simple exploit chronométrique. À 39 ans, ce sprinteur britannique, habitué à disputer la victoire sur la ligne, s'est illustré là où les grimpeurs font la loi. Sa 69e place, à 13 minutes de Pogacar, prend une autre dimension quand on connaît son profil et les attentes du peloton.
Avec 35 victoires d'étapes sur le Tour de France, leader devant Eddy Merckx, un maillot vert en 2012, et des passages marquants chez HTC-Highroad, le palmarès de Cavendish parle déjà pour lui. Pourtant, sa montée sur Beille, sans lauriers, sonne comme un message : même après tant de saisons, il reste capable de surprendre, de se transformer, d'aller chercher autre chose que ce qu'on attendait de lui.
Certains rappelleront la controverse de Luchon, d'autres retiendront la fidélité d'un public conquis et l'impact inspirant sur les nouvelles générations. Les passionnés verront dans cette performance un clin d'œil aux géants des Pyrénées, Pantani ou Contador. Les sceptiques, eux, rappelleront que toute lumière attire son lot d'ombres.
Voici deux éléments qui résument la portée de son passage sur le plateau :
- Cavendish n'avait jamais grimpé aussi vite : il a amélioré de 25 % sa vitesse d'ascension sur Beille depuis 2018.
- Son héritage se mesure désormais à l'endurance, à la capacité à s'adapter, et à cette volonté d'aller toujours plus loin que les rôles assignés.
Le plateau de Beille, cette année, aura donc révélé un Cavendish inattendu. La montagne garde ses secrets ; le peloton, lui, n'a pas fini de s'interroger.


